Evionnaz dans un livre de Jules Verne

Maître Zacharius ou l’horloger qui avait perdu son âme est un conte fantastique de jeunesse de Jules Verne, paru en 1854 dans la revue
« Le Musée des familles ». [Source Wikipedia]

Présentation de l’éditeur
Maître Zacharius est un vieil horloger de Genève. Ouvrier minutieux, il a consacré sa vie à faire des montres et à perfectionner leur mécanisme. Or voilà que toutes celles qu’il a fabriquées se dérèglent et s’arrêtent. Il a beau les démonter, examiner les rouages, les remonter, les aiguilles restent mystérieusement immobiles. Celui dont la  » vie se confond avec celle de ses horloges  » se sent menacé de mort. Avec Maître Zacharius ou l’Horloger qui avait perdu son âme., 
œuvre de jeunesse, Jules Verne (1828-1905) compose un conte fantastique très sombre qui annonce, par la place centrale qu’il accorde déjà à la science et à la figure du savant, les grands romans à venir. Il raconte ici le rendez-vous tragique de l’homme avec lui-même.

Extrait:
Gérande, Aubert et Scholastique se précipitèrent sur ses pas. Ils marchèrent par d’impraticables sentiers, sur lesquels maître Zacharius allait comme l’ouragan, poussé par une force irrésistible. La neige tourbillonnait autour d’eux et mêlait ses flocons blancs à l’écume des torrents débordés.
En passant devant la chapelle élevée en mémoire du massacre de la légion thébaine, Gérande, Aubert et Scholastique se signèrent précipitamment. Maître Zacharius ne se découvrit pas
Enfin le village d’Évionnaz apparut au milieu de cette région inculte. Le cœur le plus endurci se fût ému à voir cette bourgade perdue au milieu de ces horribles solitudes. Le vieillard passa outre. Il se dirigea vers la gauche, et il s’enfonça au plus profond des gorges de ces Dents-du-Midi qui mordent le ciel de leurs pics aigus.

Bientôt une ruine, vieille et sombre comme les rocs de sa base, se dressa devant lui.

« C’est là ! là !… » s’écria-t-il en précipitant de nouveau sa course effrénée.

Le château d’Andernatt, à cette époque, n’était déjà plus que ruines. Une tour épaisse, usée, déchiquetée, le dominait et semblait menacer de sa chute les vieux pignons qui se dressaient à ses pieds. Ces vastes amoncellements de pierres faisaient horreur à voir. On pressentait, au milieu des encombrements, quelques sombres salles aux plafonds effondrés, et d’immondes réceptacles à vipères.

Une poterne étroite et basse, s’ouvrant sur un fossé rempli de décombres, donnait accès dans le château d’Andernatt. Quels habitants avaient passé par là ? on ne sait. Sans doute, quelque margrave, moitié brigand, moitié seigneur, séjourna dans cette habitation. Au margrave succédèrent les bandits ou les faux monnayeurs, qui furent pendus sur le théâtre de leur crime. Et la légende disait que, par les nuits d’hiver, Satan venait conduire ses sarabandes traditionnelles sur le penchant des gorges profondes où s’engloutissait l’ombre de ces ruines !

Maître Zacharius ne fut point épouvanté de leur aspect sinistre. Il parvint à la poterne. Personne ne l’empêcha de passer. Une grande et ténébreuse cour s’offrit à ses yeux. Personne ne l’empêcha de la traverser. Il gravit une sorte de plan incliné qui conduisait à l’un de ces longs corridors, dont les arceaux semblent écraser le jour sous leurs pesantes retombées. Personne ne s’opposa à son passage. Gérande, Aubert, Scholastique le suivaient toujours.
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