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Bref aperçu de l'histoire du Valais
Tiré de la préface du livre de Michel
Salamin, Le Valais de 1798 à 1940, Edition du Manoir Sierre
Au temps de la préhistoire
Depuis quand l’homme habite-t-il le Valais ? En dépit de
leurs recherches, les préhistoriens ne nous fournissent pas de réponse précise.
Sans exclure la possibilité de découvertes, il ne semble
pas que les périodes paléolithique et mésolithique nous livrent des témoignages
de nos lointains ancêtres. En réalité, la préhistoire valaisanne commence
avec le néolithique. De chasseur, l’homme devient alors sédentaire. Il
colonise le pays il domestique quelques animaux, il cultive le blé et l’orge,
il se construit des habitations. Entre les différentes localités se nouent des
relations commerciales. Les vallées et les cols alpestres servent de lieu de
transit aux objets et aux hommes.
Il est toutefois impossible d’estimer l’importance de
ces échanges. Les nécropoles mises à jour à Glis, à Granges et à
Collombey-Muraz ainsi que les objets isolés découverts dans plus d’une
vingtaine de localités ne permettent pas encore de comprendre comment s’est
effectué le peuplement du pays. Il convient donc de partager la réserve du
savant qui a le plus contribué à la connaissance du Valais de cette époque.
«En conclusion, écrit le professeur Marc-R. Sauter, disons encore
une fois combien il faut regretter la pauvreté du Valais en vestiges sûrement
attribuables au Néolithique. Ce pays recèle certainement encore beaucoup de
documents, le long de la vallée rhodanienne, comme sur les hautes pentes qui
aboutissent aux Alpes bernoises et aux confins piémontais. Il faudra du temps,
de la méthode et de la peine avant qu’on puisse reconstituer les grandes
lignes de l’évolution du Néolithique valaisan et comprendre ses rapports
avec le Néolithique des régions voisines. »
Vers 1800 av. J.-C., le Valais entre dans l’âge du
bronze, quand la vie s’y laisse pénétrer par des courants commerciaux,
culturels et militaires venus particulièrement de l’Est européen. Marchands,
guerriers et artisans étrangers se mêlent aux populations indigènes; ils leur
apportent des connaissances nouvelles. On constate le fait sans pouvoir en
expliquer la chronologie jusqu’au Vile siècle, début de l’âge du fer.
Durant cette période, le Valais, semble-t-il, possède une
culture particulière que des préhistoriens allemands désignent du nom de «Walliser
Kultur» ou de «Rhonekultur». Les ustensiles domestiques, les armes, les
instruments de chasse et les bijoux se comptent par milliers. Ils attestent
l’intensité de la vie dans le Valais central ainsi qu’en aval de
Saint-Maurice. Les influences orientales, particulièrement hongroises, de
certains bijoux autorisent à penser que les relations commerciales
s’intensifient alors.
Au Ve siècle av. J.-C., la civilisation gauloise se
manifeste dans le Valais. Quelques tribus celtes s’y installent au cours de
leurs pérégrinations à travers l’Europe et l’Asie mineure. Ce sont les Uhères
dans les districts alémaniques actuels, les Sédunes dans le Valais central,
les Véragres dans la région martigneraine et les Nantuates dans la plaine qui
s’étend de Saint-Maurice au lac Léman.
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Des Romains à la formation de l’Etat
valaisan
Grâce au Bellum Gallicum de Jules César, on
dispose de quelques renseignements sur les habitudes militaires de ces
peuplades, clairsemées sur le territoire des Nantuates, plus populeuses entre
Fully et Erschmatt et moins denses dans le pays des Ubères. Pour connaître ces
populations constamment vouées à l’agriculture et à l’élevage, il faut
recourir aux trouvailles archéologiques et au mobilier funéraire mis à jour
plaques de ceinturon, fibules, brassards et «colliers valaisans» dont les
caractéristiques permettent de délimiter le territoire de chaque tribu. Les
monnaies éparses sur le trajet des routes de transit signalent les voies d’échanges
celle du Grand Saint-Bernard, celle du Simplon et celles des Alpes orientales.
Après l’échec de l’expédition de Galba, les troupes
romaines reviennent sous Auguste. Pendant quatre siècles, Rome modèle le
Valais de son influence civilisatrice. Les populations y sont réunies en une Civitas
Vallensium avec Octodure (Martigny) pour chef-lieu. Dans cette ville, tout
au moins, l’intensité de la vie culturelle et économique est rendue évidente
par le forum, l’amphithéâtre et les quartiers d’habitation récemment découverts.
L’importance de la localité s’explique par son emplacement sur la voie de
communication entre Rome, l’Helvétie, les Gaules et la Haute-Germanie.
Les routes favorisent aussi la diffusion des idées.
Au cours de plusieurs siècles, des missionnaires substituent dans le Valais le
christianisme au paganisme. Paul Aebischer, qui s’est appliqué à en
comprendre le développement, conclut en ces termes «Ayant eu son lointain
point de départ à Lyon, le christianisme a agi d’abord sur Octodurus et
le Bas-Valais; il a monté lentement le Rhône, après avoir peut-être reçu un
appui de forces venues d’Italie par le Summus Pœninus; enfin il paraît
s’être rencontré, à une époque déjà tardive, à l’est du Deischberg,
avec des éléments qui, directement ou indirectement, étaient émanés de
cette vieille station missionnaire qu’était Disentis. Le Valais est une
quintessence de la Suisse, une terre de rencontres.»
Au terme du IVe siècle, l’évêque Théodore,
fondateur du siège épiscopal d’Octodure, exhume à Saint-Maurice les
ossements des soldats thébains dont l’empereur Maximien a décidé la mort à
la fin du 111e siècle. Il fait construire une basilique en leur honneur; les pèlerins
s’y rendent en cohortes sans cesse renouvelées. Soucieux d’entretenir chez
les fidèles le souvenir des glorieux martyrs, Saint Eucher, évêque de Lyon,
écrit avant 450 sa Passio Acaunensium martyrum.
A cette époque, Rome se sent menacée. Des
hordes de barbares se concentrent sur ses frontières du Rhin et du Danube.
Les Burgondes s’installent en alliés entre l’Aar et la Loire; ils y établissent
un royaume rhodanique dont le Valais fait partie. Leur roi Sigismond inaugure,
le 22 septembre 515, le monastère d’Agaune. L’abbé Ambroise y
organise la laus perennis. Moins d’un siècle plus tard, la Burgondie
est annexée par la monarchie franque. Mais quand l’arrière-petit-fils de
Charlemagne, Charles le Gros est déposé en 887, l’empire carolingien se
disloque. Rodolphe, comte d’Auxerre, se fait proclamer roi de la Bourgogne
transjurane, en 888, à Saint-Maurice même.
L’existence du second royaume de Bourgogne est mise
en péril par les rivalités de la noblesse. Les rois s’appuient sur
l’autorité des prélats afin d’assurer leur propre pouvoir. C’est ainsi
qu’en 999, le roi Rodolphe III confère les droits comtaux sur le Valais à
l’évêque de Sion, Hugues et à ses successeurs. L’Etat du Valais commence
à cette date.
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Les guerres contre les seigneurs étrangers
Deux puissances se partagent alors le territoire du Valais
l’évêché de Sion et l’abbaye de Saint-Maurice dont les possessions sont
formées de territoires disséminés dans
la vallée du Rhône. Une troisième, la Savoie, y prend
pied quand, à la mort de Rodolphe III, le comte Humbert aux Blanches Mains
apporte son concours à l’empereur Conrad II. Son aide lui vaut d’installer
son fils Aymon en qualité d’évêque de Sion et de prévôt de Saint-Maurice.
L’enchevêtrement des seigneuries favorise dès
lors les risques de conflits dans le pays; la violence des mœurs y trouve
l’occasion de se manifester; les passions partisanes, celle de ne point se
contraindre. Les guerres se déroulent d’abord contre les Zaehringen dont les
prétentions sont définitivement brisées par l’évêque Landri de Mont, à
Ulrichen, en 1211. Elles se poursuivent contre la Maison de Savoie. Celle-ci
ambitionne de s’emparer de tout le Valais pour faire pièce aux menaces alémaniques
ou milanaises sur la route du Grand Saint-Bernard. Quand l’évêque Henri de
Rarogne monte sur le trône épiscopal et s ‘allie à Berne afin de protéger
les biens de son Eglise, le comte Pierre Il de Savoie, surnommé le «Petit
Charlemagne», envahit le Valais, à l’improviste. Il s’empare des châteaux
de Martigny, du Crest sur Ardon, de Chamoson et de Montorge. Par les traités
des 2 juillet et 5 septembre 1260, rendus définitifs en 1262, il oblige
l’évêque à reconnaître la Morge de Conthey comme frontière entre la
Savoie et le Valais. Son successeur et frère, le comte Philippe, signe avec le
même prélat un traité qui restitue à l’évêché ses seigneuries enlevées
en aval de la Morge et qui rend à la Savoie ses anciennes terres dans le
Haut-Valais. Cette paix dure jusqu’au milieu du XIVe siècle.
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Les luttes contre la noblesse indigène
Aux guerres contre les Zaehringen et la Maison de Savoie
font suite les luttes contre la noblesse indigène dont les sires de la Tour et
de Rarogne sont les plus illustres représentants.
L’évêque Guichard Tavelli, apparenté à la Maison de
Savoie et soutenu par elle, voit s’élever contre son autorité le seigneur de
Niedergesteln, Pierre de la Tour, qui cherche à se libérer de ses obligations
de vassal. Il sollicite donc l’aide d’Amédée VI, dit le Comte Vert. En
1351, le Savoyard intervient. Il attaque Martigny, puis Ardon et Chamoson. Après
s’être emparé de Sion, il s’établit à Salquenen où il exige la
soumission des communes favorables à Pierre de la Tour, au printemps 1352. Mais
12 Haut-Valais se soulève peu après. Le Comte Vert reprend les armes; il pille
et incendie la ville de Sion et, le 8 novembre 1352, il impose une paix très sévère
aux communes insurgées contre leur prince. Mais la volonté de s’émanciper
du pouvoir épiscopal anime toujours les communes haut-valaisannes qui jurent
de se secourir mutuellement, le 10 avril 1355. Comme le Comte Vert prête
hommage à l’empereur Charles IV, il ne leur reste qu’à conclure la paix
avec le comte de Savoie. C’est la paix d’Evian du il mars 1361, par laquelle
Amédée VI renonce à la charge de capitaine du Valais et à toute immixtion
dans les affaires temporelles de l’évêque.
Antoine de la Tour, fils de Pierre, s’insurge à son
tour. Tandis qu’il obtient l’appui de la Savoie, l’évêque rallie à sa
cause les communes haut-valaisannes. Par la paix de Saint-Maurice, le rebelle se
soumet. Cinq ans plus tard, il pénètre cependant dans le château de la Soie où
réside l’évêque Guichard; il s’en saisit et le précipite au bas des
remparts. Scandalisées par cette barbarie, les communes se placent sous la
conduite de Pierre de Rarogne et, en 1375, ruinent définitivement la puissance
des sires de la Tour dans le Valais.
La lutte contre la Savoie se poursuit sous le successeur de
Guichard Tavelli, Edouard de Savoie. Amédée VII, dit le Comte Rouge,
intervient à plusieurs reprises contre les communes qui se sont soulevées à
l’instigation de Pierre de Rarogne. En 1384, il détruit partiellement la
ville de Sion; en 1387, il s’avance jusqu’à Salquenen avant
d’entreprendre des raids contre les possessions des de Rarogne dans le val
d’Anniviers et d’incendier le château de Beauregard au-dessus de Niouc.
Mais l’année suivante, il se fait battre à Viège. Après sa mort, en 1391,
un traité de paix est signé, le 24 novembre 1392. La Morge de Conthey devient
la limite entre la Savoie et le Valais.
A la mort de Pierre de Rarogne, son fils Guichard accède
à la dignité de grand bailli. Son ambition, son orgueil et ses prétentions mécontentent
la population qui se soulève contre la Maison de Rarogne. En 1415, Guichard
doit accepter les exigences des Patriotes qui s’assurent une participation au
gouvernement. La paix ne dure pas. Le 4 mai 1416, Guichard fait assommer par ses
gens d’armes les membres de la diète qu’il a convoqués à Platta. Le
peuple, indigné, décide sa séparation d’avec la Maison de Rarogne. Tandis
que Guichard s’allie aux Bernois, les dizains, à l’exclusion de Rarogne et
de Loèche, refusent toute tentative de conciliation proposée par quelques
cantons confédérés. Berne organise donc une expédition militaire contre les
Valaisans. Des bandes armées descendent le Sanetsch, s’emparent de Sion le 17
octobre 1418, pillent la cathédrale et le château épiscopal avant
d’incendier la ville. Dès le début de l’année suivante, les raids bernois
se multiplient; ils préludent à une attaque en tenaille contre les Valaisans.
Le contingent qui pénètre par le Sanetsch est refoulé; le gros des troupes
bernoises subit une sanglante défaite à Ulrichen, au début du mois
d’octobre 1419. La puissance de la Maison de Rarogne est anéantie Guichard
et son neveu Guillaume Il acceptent de quitter le Valais.
Grandis par leurs succès, les députés des dizains, appelés
les Patriotes, s’efforcent d’étendre leurs droits politiques. Ils
obtiennent de participer au gouvernement, d’élire les représentants des
dizains à la diète, de choisir leurs châtelains et de concourir à la désignation
de certains fonctionnaires épiscopaux. En janvier 1446, ils arrachent même à
l’évêque les Articles de Naters qui sont rapportés dès 1451.
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L’époque des guerres de Bourgogne
Le 31 août 1446, l’évêque s’assure l’aide de Berne
et de la Savoie contre les prétentions des Patriotes. Les trois souverains
s’engagent à ne point protéger sur leur territoire un ressortissant des deux
autres Etats s’il s’y rendait dans une intention hostile. Or la Savoie
accorde son soutien à Rodolphe Asperlin, beau-frère des sires de Rarogne. Des
frictions nombreuses enveniment en outre les relations entre Contheysans et
Saviésans dans la vallée de la Morge qui délimite le Valais savoyard et le
Valais épiscopal.
Yolande, duchesse de Savoie, obtient l’appui de Genève,
de la Bourgogne et de Milan. L’évêque Walter Supersaxo se rapproche de
Berne et des cantons suisses. Quand Berne entreprend la conquête du Pays de
Vaud, en 1475, les troupes de l’évêque marchent contre la garnison ducale
dans le bourg de Conthey. L’armée savoyarde s’avance sur Sion le 13
novembre. La ville est presque prise quand les Haut-Valaisans accourent à son
secours. Mais ceux-ci sont près de succomber sous le nombre de leurs
adversaires lorsque trois mille Confédérés environ, qui ont franchi le
Sanetsch, font pencher la victoire du côté des Valaisans. L’ennemi
s’enfuit. Les vainqueurs les poursuivent jusqu’à Saint-Maurice. Sur leur
passage, ils brûlent les châteaux de Conthey, de Saillon, de Saxon et de
Saint-Maurice; ils saccagent ceux de Sembrancher et de Bourg-Saint-Pierre; ils dévastent
celui de la Bâtiaz, à Martigny.
La guerre recommence l’année suivante. Une nouvelle
fois, elle tourne au désavantage de la Savoie. Le 31 décembre 1476, l’évêque
et les députés de la diète proclament que tout le pays conquis jusqu’au défilé
de SaintMaurice est incorporé au domaine épiscopal et au territoire des Sept
Dizains. La Savoie ne reconnaît juridiquement cet état de fait qu’en 1528.
Pour longtemps, désormais, le Valais se trouve dégagé de toute domination étrangère.
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L’époque des guerres d’Italie
Durant les guerres de Bourgogne, le duc de Milan s’était
prononcé en faveur de Charles le Téméraire. Il en résulte une période de
tensions entre Milan et le Valais. Celle-ci s’aggrave
dès l’accession de Josse de Silenen au trône épiscopal
en 1482. Des accrochages opposent même les populations paysannes dans les régions
frontalières du val de Gondo. Aussi le Valais renouvelle-t-il son traité
d’alliance avec les Waldstaetten, le 10 août 1484, avant que les troupes de
l’évêque franchissent le Simplon en dépit de l’opposition de quatre
dizains. Elles s’emparent du pont de Crevola. Mais l’intervention des Confédérés,
gagnés par l’or milanais, entraîne une suspension des hostilités et le
repli des Valaisans. Par deux fois, Josse de Silenen tente de s’emparer de
l’Ossola. Finalement, au mois de janvier 1495, les belligérants signent la
paix de Milan.
La politique francophile de Josse de Silenen mécontente
les Confédérés et les Valaisans. Georges Supersaxo s’oppose à l’évêque
qui le cite en justice pour haute trahison. Le peuple se déchaîne contre son
prince et le force à se démettre de sa charge. Le 20 avril 1496, la diète lui
donne un successeur en la personne de Nicolas Schiner. Grâce à l’habileté
diplomatique du jeune Mathieu Schiner, la papauté valide les mesures imposées
par la diète.
Trois ans plus tard, Nicolas Schiner résigne ses
fonctions. Mathieu Schiner reçoit la mitre et la crosse. Il s’affiche
adversaire déterminé de la France; il soutient avec passion les efforts de la
papauté contre les Français en Italie. Jules II reconnaît ses mérites et le
crée cardinal, le 7 mars 1511.
Sous l’impulsion de Schiner et grâce au concours des Vénitiens,
les Confédérés chassent les Français hors de l’Italie, au mois de mai
1512. Ils occupent le Milanais; ils s ‘emparent à nouveau de leurs
possessions italiennes qu’ils avaient perdues à la suite de la bataille d’Arbedo,
le 30 juin 1422. De leur côté, les Grisons envahissent Bormio,
Chiavenna et la Valteline. Le 29 septembre et le 3 octobre, ils signent
avec Maximilien Sforza un traité et une alliance qui les font protecteurs de
l’Etat milanais. Le 6 juin 1513, les Suisses remportent l’une de
leurs plus illustres victoires, celle de Novare. Mais la fortune des armes ne
tarde pas à changer de camp.
Traqué par la haine de Mathieu Schiner, déclaré ennemi
de la patrie par la diète, poursuivi à Neuchâtel et à Fribourg avant d’être
incarcéré au château Saint-Ange, à Rome, en 1513, Georges Supersaxo
n’attend que l’heure de la vengeance. Elle sonne à Marignan, les 13 et 14
septembre 1515. Là, au terme d’un combat si disputé que François 1er écrit
à sa mère Louise de Savoie «... depuis deux mille ans on n ‘avait vu une
si fière, ni si cruelle bataille», la puissance des Suisses s’effondre
en même temps que celle de Mathieu Schiner. A son tour, il endure le
bannissement tandis que les Valaisans ploient sous la puissance tyrannique de
Georges Supersaxo. Mais, en 1529, celui-ci s’enfuit à Vevey pour échapper à
la vindicte populaire.
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Les divisions confessionnelles
La longue rivalité qui oppose les partisans de Schiner
à ceux de Supersaxo, la volonté de puissance temporelle affichée par l’épiscopat,
l’indignité trop commune du clergé, l’ignorance des fidèles pour
les questions religieuses forment un ensemble de causes
favorables au développement du protestantisme. Dès 1526, le pape Clément VII
ordonne au chapitre de Sion «de procéder sommairement contre les gens
adonnes aux pratiques superstitieuses, les luthériens, les hérétiques, les
fauteurs et les sectateurs de l’hérésie et de les punir». Le Valais
demeure pourtant attaché à sa foi. En 1529, il signe une alliance perpétuelle
avec les cantons catholiques. Il participe à leurs côtés aux guerres de
Kappel. Pendant ce temps, Berne favorise l’implantation de la Réforme dans le
mandement d’Aigle.
En 1536, les Bernois envahissent le Pays de Vaud et, depuis
Genève, marchent contre le Chablais. Sollicités d’intervenir, les Valaisans
se portent jusqu’à Thonon sans rencontrer de résistance. Ils établissent
des gouverneurs à Monthey et à Evian.
La position du catholicisme s’affaiblit depuis lors
jusqu’à la fin du XVIe siècle. Les évêques Jean Jordan et Hildebrand de
Riedmatten se montrent incapables de résister à la propagation du
protestantisme. En 1551, la diète proclame la tolérance religieuse, respectée
durant une vingtaine d’années. Il arrive que les dizains assemblés décrètent
le bannissement des apostats et l’interdiction d’envoyer les jeunes
Valaisans dans les villes protestantes afin d’y poursuivre leurs études. Mais
ces mesures demeurent lettre morte. Hildebrand de Riedmatten, inhabile déjà à
diriger le clergé, parvient encore moins à obtenir l’obéissance des fidèles.
Le pape Clément VIII, en 1592, le presse de réagir «La première et
la plus grande préoccupation d’un évêque, lui écrit-il, doit être
de conserver et défendre la religion catholique sans laquelle c’en est lait
du salut des âmes.» Le vieil évêque proteste mais n’agit pas. La haute
magistrature du pays, des membres influents de la diète accordent leur faveur
à la Réforme. Plus encore, le bailli Jossen Gilles fait afficher sur le mur de
la cathédrale l’écriteau révélateur de son espérance «Hildebrand de
Riedmatten, dernier évêque de Sion.» Quelques mois plus tard, en novembre
1603, Adrien de Riedmatten est investi de la charge de vicaire général.
Au mois de décembre 1604, à la mort de son oncle, il accède à la dignité épiscopale.
Depuis deux ans déjà, des efforts d’évangélisation
catholique se poursuivent sur le territoire valaisan. Sous l’impulsion du
pape Clément VIII, deux capucins savoyards sont dépêchés dans le Bas-Valais
tandis que le Haut-Valais en reçoit deux autres venus de Lucerne. En 1607, les
missionnaires prêchent à Sion. Le clergé lucernois les épaule grâce au
concours de ses prêtres. En 1607 encore, les jésuites ouvrent une école à
Venthône et à Ernen. C’est alors que les partisans du protestantisme pensent
assurer leur victoire en abaissant la puissance politique de l’évêque.
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Les dizains contre le pouvoir temporel de l’évêque
A la mort d’Adrien Il de Riedmatten, en 1613, les
Patriotes obtiennent du chapitre la renonciation à la Caroline, c’est-à-dire
à la prétendue donation du Valais à saint Théodule par l’empereur Charlemagne.
Hildebrand Jost la signe dès son élection à l’évêché. Les manifestations
d’indépendance des Patriotes se multiplient. En 1618, la diète renouvelle
l’alliance avec Berne, puis avec les Grisons, sans le consentement de l’évêque.
Les jésuites sont expulsés en 1627. Antoine Stockalper, fidèle partisan de
l’évêque, est condamné à mort, au mois de novembre de la même année.
Hildebrand Jost est gardé à vue; il est dépouillé de toutes ses prérogatives
politiques. Craignant pour sa vie, il accepte de s’établir à Lucerne auprès
du nonce. Il se rend ensuite à Rome pour y plaider sa cause avant de regagner
son diocèse en 1630. A son retour, il est arrêté et incarcéré au manoir
d’Etiez. Il ne revoit sa capitale que vers la mi-novembre. Trois ans plus
tard, le 9 janvier 1634, l’évêque et le chapitre renoncent définitivement
à la Caroline. Le 22 décembre 1637, le chapitre confirme cette décision.
Durant tout le XVIIe siècle, l’évêque et le chapitre
ne montrent pourtant guère d’empressement à observer les dispositions
imposées en 1613 par les Patriotes lors de l’élection de l’évêque
Hildebrand Jost. Ceux-ci tiennent fermement à leurs droits acquis; l’évêque
n’attend que l’occasion favorable de recouvrer son ancienne souveraineté.
Les dernières manifestations de ces oppositions se déroulent à la suite de
l’élection de Jean-Joseph Blatter à l’épiscopat, en 1734.
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Quand souffle un vent nouveau
Pendant un demi-siècle, le Valais vit dans une tranquillité
politique presque totale. A peine la «guerre du vin rouge», en 1755,
apporte-t-elle une touche de bellicisme. Les horizons des Valaisans ne dépassent
guère les limites de leurs dizains et celles de leurs territoires sujets.
L’époque, pourtant, est à l’effervescence. Les
revendications les plus diverses surgissent dans les Pays suisses. Elles vont néanmoins
toutes dans le sens d’une exigence de droits plus étendus pour les
populations. Après la conjuration Henzi, l’insurrection de la Léventine et
l’affaire Gaudot, l’agitation se transforme en révolution. Nicolas Chenaux
va jusqu’à promettre à ses partisans l’abolition des dettes, l’établissement
d’une loi agraire et, aux fermiers, la libre possession des terres qu’ils
tiennent à bail. La révolution genevoise du 8 avril 1782 se propose
d’accorder une participation aux droits politiques et une entière liberté
industrielle et commerciale à la classe désavantagée des natifs. On s’élève
partout contre l’égoïsme des gouvernements aristocratiques. On n’imagine
d’avenir heureux que dans la liberté des individus et dans l’égalité
des hommes.
Les Valaisans d’expression française se laissent à leur
tour imprégner par ces idées dont le siècle des lumières est l’apôtre. Un
des leurs, le notaire montheysan Gabriel Guerraty, exprime les raisons du mécontentement
de ses compatriotes bas-valaisans
«Dans ce pays aussi, une partie d’un peuple faisait
sentir le poids de la domination sur l’autre. Un peuple libre voulait avoir
des sujets et exercer sa domination sur des inférieurs à l’instar
d’orgueilleux monarques qui croient que les hommes existent pour les servir,
et qui croient que ces derniers sont leur patrimoine. Les Haut-Valaisans, infatués
de l’idée que leur domination sur le Bas-Valais était de droit divin et
devait être éternelle, agissaient comme si la puissance souveraine qu’ils
exerçaient sur le Bas-Valais ne leur imposait aucun devoir, qu’ils pouvaient
tout oser; les gouverneurs ou baillis, qu’ils envoyaient pour régir le
Bas-Valais et qui avaient carte blanche, croyaient que tout leur était permis
arbitraire, concussions, vénalités, prohibitions qu’il était permis
d’enfreindre moyennant payement d’une finance; il fallait acheter la
permission de s’affranchir de ces odieuses prohibitions qui n’avaient point
d’autre but que d’extorquer par-là des impôts indirects et arbitraires, et
si l’on venait à les enfreindre, les gouverneurs exigeaient des amendes à la
rigueur. Ces prohibitions étaient nuisibles au commerce et y mettaient des
entraves. Il fallait sans cesse faire des représentations au gouvernement pour
les faire abroger, et il fallait toujours de l’argent pour en obtenir
l’abolition. Le caprice, l’intérêt sordide, le but d’opprimer faisaient
établir ces prohibitions qui produisaient, ou des amendes en cas de
contravention, ou une finance pour accorder le droit de les enfreindre. Ces
prohibitions étant levées, on en établissait d’autres ayant le même résultat
tantôt, c’était une défense d’exporter le beurre et le fromage, tantôt
le bétail, tantôt les grains, ce qui cependant était la ressource pour
importer du numéraire. C’était des députations sans fin envoyées dans le
Haut-Valais, et pour se présenter devant les hauts magistrats souverains
seigneurs, il ne fallait pas avoir les mains vides. »
Les populations sujettes de la république des Sept Dizains
entendent secouer le joug qui les oppresse. Les symptômes de mécontentement se
multiplient à un tel point que la diète de mai 1790 discute des mesures à
prendre pour mettre un terme à l’oppression que les hauts fonctionnaires
exercent sur les sujets du Bas-Valais. Les propos que l’on colporte au sujet
de la liberté française trouvent un écho favorable dans les territoires occidentaux
du Valais. Les exaltés n’y rêvent que de révolution. Les notables de
Saint-Maurice et de Monthey n’aspirent par contre qu’à recouvrer pour eux
les avantages politiques et économiques dont ils sont frustrés depuis
longtemps.
L’imagination populaire, qui a besoin de héros pour
entretenir sa flamme, trouve un champion de la liberté dans la personne de
Pierre-Maurice Rey-Bellet, surnommé le «Gros-Bellet». Ne s’est-il pas opposé
ouvertement au gouverneur le plus arrogant qui fût, Hildebrand Schiner, le 8
septembre 1790 ? Ne l’a-t-il pas forcé à chercher refuge auprès du bailli
bernois de résidence à Aigle ? L’année suivante, la conjuration des
Crochets dont les projets sont surtout criminels ajoute un élément supplémentaire
de troubles dans les territoires du Bas-Valais. Dans le Haut-Valais lui-même,
les scènes d’agitation ne manquent point. Aussi, en diète de décembre 1792,
l’évêque demande-t-il l’appui de l’Etat pour rétablir l’ordre public.
Dès que Michel Mangourit s’installe à Saint-Maurice
durant les premiers jours du mois de janvier 1798, en qualité de résident de
France, l’effervescence politique se poursuit de plus belle. Le 28 janvier, on
plante un arbre de liberté dans la ville de Saint-Maurice; le lendemain, les
mandataires des communes bas-valaisannes déclarent leur pays indépendant. A
l’invitation du résident, l’Assemblée générale du Bas-Valais nomme une
commission de trois membres pour élaborer un projet de constitution. Elle le
lui remet le 24 février. Mangourit, insatisfait, dirige la rédaction d’un
second projet qui fonde la démocratie représentative et qui doit assurer
d’importants avantages économiques au Valais. La diète l’accepte le 13
mars. Cette décision se révèle inutile, car déjà l’autorité française
en dispose autrement. Elle ne veut plus d’un Valais indépendant. Les
Valaisans n’ont qu’à se soumettre.
C'en est fini des Sept Dizains; le Valais est intégré à la République helvétique et le Valais francophone ainsi libéré de la tutelle
haut-valaisanne. En 1802, le Valais devient une République indépendante sous l'influence de la France.
Puis la région passe sous la férule de la France et le Valais devient, en 1810, le Département du Simplon. Napoléon mesurait bien tout l'intérêt du Valais et voulait s'assurer sans délai la possession de ses cols. En 1815 pourtant, la vallée échappe définitivement à la France et entre dans la Confédération helvétique.
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